Thursday, June 3, 2010

11/05/10 Clermont@Coop De Mai




Soirée exceptionnelle à la Coopérative de mai de Clermont-Ferrand avec le passage de la comète sonique US Black Rebel Motorcycle Club, très en forme et d'humeur à prolonger la nuit, avec en première partie les prometteurs américains de Zaza... Ce mardi 11 mai est à marquer d'une pierre noire, tant la prestation furieuse, sombre et agressive de BRMC fut impressionnante, permettant de voir ferrailler scéniquement une véritable machine de guerre pendant deux heures ! Les plus de 1000 personnes qui ont eu le privilège d'assister à cela ont, en plus, eu droit à un bon concert en ouverture, le groupe choisi par Peter Hayes & Co, Zaza, ayant fait bonne impression. Dans ces conditions de rêve, on comprend tout à fait le fan énamouré (et bourré !) qui a hurlé " I love you ! I Love You ! I Love You ! Thank you very much !! " en direction du micro au cours de cette grand messe très réussie signée BRMC.




Zaza, Une musique torturée, anxiogène et noire...

Dès les premières notes et au premier regard, on saisit immédiatement pourquoi Black Rebel Motorcycle Club a permis à Zaza - ce nom, quand même ! - d'assurer de nombreuses premières parties sur son actuelle tournée... Bien sûr, il y avait de la place dans l'immense tour bus noir du groupe et dans le semi remorque qui accompagne la tournée Beat The Devil's Tatoo... Mais ce n'est pas la raison principale ! Formé par une ex Warlocks (basse, chant) avec deux acolytes (batteur, " machiniste " et guitare), Zaza produit une musique torturée, anxiogène et noire qui a tout pour plaire à BRMC et à son public. Le mélange made in Zaza entre le rock bruitiste de Sonic Youth et le rock psyché Velevetien usiné à Brooklyn, New York est de nature à provoquer des hallucinations du meilleur effet. Il faut dire que tout en faisant mine d'être gentiment arrogants et las, les trois musiciens manoeuvrent comme il faut pour provoquer un décollage chaotique vers l'enfer : le batteur délivre des rythmes basiques et tétanisants, tout en triturant des samples aux humeurs délétères, la bassiste/chanteuse envoie des lignes de basses inquiétantes et des parties vocales spectrales, le guitariste/chanteur rajoutant, quant à lui, de bonnes couches de distorsion et de chant aérien. Cette musique se révèle parfaite pour opérer un rapprochement stratégique, prélude à un échange de fluides... A découvrir !




Black Rebel Motorcycle Club, Génialement macabre, superbement puissant et admirablement violent...

Avec un début de programme bien foutu, un son salement démentiel (évoquant un Boeing au décollage percutant un Concorde en train d'exploser), des lumières vrillantes et un public réceptif et chaleureux, le groupe Black Rebel Motorcycle Club est placé dans un contexte idéal pour réussir son concert... Ce qu'il s'empresse de faire avec la morgue et l'attitude bravache qui sied aux vrais seigneurs rock 'n roll. Sans dire un mot, en serrant les dents, le trio composé de Robert Levon Been (chant, basse, guitare électrique et sèche), Peter Hayes (guitare, harmonica, chant, basse, ex Brian Jonestown Massacre) et Leah Shapiro (batterie cogneuse, ex The Raveonettes) commence son set génialement macabre, superbement puissant et admirablement violent en délivrant des titres lourds et menaçants, tout en poussant les amplis dans le rouge. C'est une véritable boucherie destinée à faire saigner les oreilles, exploser les yeux et décrocher la cervelle vers la folie pure.




Un set oscillant entre rock shoegaze à la My Bloody Valentine et Jesus And Mary Chain, virées psychédéliques particulièrement prenantes, country blues hyper cradingue, pop tourmentée et folk viscéral...

La petite nouvelle, Leah Shapiro, fait le job avec classe, mettant parfaitement en rythmes les interventions obsédantes de ses comparses, Robert Levon Been, chantant tel un croisement entre Liam Gallagher et Johnny Rotten et triturant sa basse comme un psychopathe et Peter Hayes, vocalisant lui aussi de manière délicieusement hautaine et fatiguée, tout en truffant les morceaux de géniales et ratatinantes stries guitaristiques. Inutile d'en rajouter des caisses : le public est plongé dans le bonheur le plus total avec ce set oscillant entre rock shoegaze à la My Bloody Valentine et Jesus And Mary Chain, virées psychédéliques particulièrement prenantes, country blues hyper cradingue, pop tourmentée et folk viscéral. En réussissant à être à la fois agressif, lancinant et versatile le son de BRMC fait très mal en live.




La chevauchée sauvage et rageuse de Black Rebel Motorcycle Club est réellement impressionnante...

Le groupe californien navigue à vue entre ses tubes intemporels comme Whatever Happened To My Rock 'Roll (toujours aussi jouissif et addictif, on se souvient d'ailleurs l'avoir gueulé pendant de nombreux jour après le show de BRMC à Benicassim en 2002), le terrifiant Red Eyes And Tears, l'énervé Spread Your Love ou encore l'imparable Stop et ses dernières compositions frappées du sceau de la classe : le décérébrant Conscience Killer, le très blues Beat The Devil's Tatoo, l'infernal River Styx, le très shoegaze Bad Blood, le bien nommé War Machine, le très véhément Shadow's Keeper ou le génial Aya - un des meilleurs nouveaux titres interprétés ce soir avec couplet où Mr Turner désaccorde sa basse pour la faire rugir sauvagement et où le refrain délivre une mélodie pop qui fait voyager au milieu des étoiles. Avec tous ces morceaux d'anthologie, la chevauchée sauvage et rageuse de Black Rebel Motorcycle Club est réellement impressionnante ; tant et si bien qu'elle n'a aucun mal à maintenir le public en haleine... Et ce malgré sa durée remarquable : deux heures hyper intenses, entrecoupées de passages plus légers : deux titres (le deuxième étant un peu trop mielleux) joués et chantées au piano par Robert Levon Been, un très beau passage folk avec la reprise bouleversante de Visions of Johanna de Bob Dylan par le même Robert en solo magistral, de très beaux instants sans basse avec deux guitares psyché blues et un final magistral d'obédience country folk rock.



On gardera longtemps en tête l'image du fronton de La Coopé avec le nom de Black Rebel Motorcycle Club écrit en grosses lettres...

Du grand art et une belle générosité pour un groupe qui s'est déridé sur la fin et a paru aussi touché qu'amusé par l'accueil enthousiaste du public... Le fan alcoolisé évoqué en début de chronique a vraiment eu raison de crier son amour et sa gratitude à ce groupe tout à fait exceptionnel ! On gardera longtemps en tête l'image du fronton de La Coopé avec le nom de Black Rebel Motorcycle Club écrit en grosses lettres...

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